interview

Perrine

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Perrine nous parle de son diagnostic d'endométriose et de sa découverte de la santé au naturel pour aider à taire les symptômes.

I : Comment as-tu su que tu avais de l’endométriose ?

Perrine : J’ai été réglée très jeune et j’ai pris la pilule assez tôt pour pallier à des cycles menstruels irréguliers. Je n’avais pas de douleurs à cette époque. C’est après une première tentative d’arrêt de la pilule vers vingt ans que j’ai fini à l’hôpital de Montpellier en pensant avoir une grosse gastro. Ça a été, avec du recul, une première grosse manifestation de la maladie. Après ça, j’ai repris la pilule jusqu’à une deuxième tentative d’arrêt. Je n’étais plus en couple et je me disais que ça ferait du bien à mon corps de faire une pause avec les hormones. Lors de mes règles, j’ai eu à nouveau des douleurs insupportables : j’étais à Paris chez une amie et en pleine nuit je me suis réveillée avec des crampes, j’étais pliée en deux et je me vidais totalement. Une nouvelle fois j’ai cru qu’il s’agissait d’une gastro, j’ai donc pris des médicaments et j’ai attendu que ça se calme. Lors du deuxième mois d’arrêt de la pilule les douleurs sont revenues pendant les cours à l’école. Dans les toilettes de mon établissement, je suis tombée dans les pommes à cause de la douleur. Ma prof a appelé les pompiers qui m’ont allongé et donné du sucre avant de repartir… C’est à ce moment là qu’il est devenu assez clair pour moi qu’il y avait une corrélation entre mes douleurs et mes menstruations.

J’ai vu une nouvelle gynécologue qui m’a conseillé de reprendre la pilule en continu. Elle disait que j’avais certainement des petites adhérences non visibles sur les échographies qui pouvaient causer ces douleurs et la pilule devait aider à calmer tout ça. À cette époque j’ai enchaîné différentes pilules puisque je continuais à avoir des lourdeurs dans le ventre. J’ai vu d’autres gynécologues qui ont corroboré le discours de la première, il n’y avait rien d’inquiétant, il fallait continuer à prendre une pillule en continu.

J’ai beaucoup relativisé mes douleurs, parce qu’à travers le discours de ces médecins, je me disais que ce n’était pas si grave et que le problème devait venir de moi. J’avais le sentiment d’avoir un mauvais système immunitaire, un corps faible.

C’est juste avant de partir à l’étranger que j’ai consulté un dernier gynécologue qui distinguait des petites « traces » sur l’IRM qu’il ne pouvait pas expliquer. Sans rien affirmer, il m’a mentionné l’existence de l’endométriose, m’expliquant que mes symptômes ressemblaient à ceux de la maladie.

I : C’est la première fois que tu entendais le mot endométriose ?

Perrine : Non, cela faisait plusieurs fois que j’en entendais parler sans vraiment savoir ce que c’était, mais la discussion avec ce gynécologue m’a fait un déclic. J’ai réalisé que j’étais malade et qu’aucun de ces médecins n’avaient de solutions pertinentes à m’apporter. Alors j’ai commencé à m’intéresser plus sérieusement à la question.

I : Comment t’es tu renseignée sur la maladie ?

Perrine : J’ai commencé à lire des choses sur les traitements allopathiques proposés pour “lutter contre l’endométriose”. Je me suis vite rendue compte qu’une grosse partie des patientes prenaient des traitements hormonaux toute leur vie ou quasiment. J’ai cherché à comprendre comment fonctionnaient ces traitements hormonaux, quels effets ils avaient sur le corps et j’ai voulu recueillir un maximum de témoignages de femmes. Quand je dis que j’en ai lu beaucoup, je parle de centaines de témoignages.

Il faut comprendre que ce type de traitement met le corps de la femme en ménopause artificielle, ça stoppe complètement le cycle féminin, entre autres… Bien que certaines femmes arrivent à vivre avec des traitements hormonaux à vie, une grande majorité témoignent d’effets secondaires presque aussi handicapants que la maladie elle-même : grandes prises de poids, problèmes endocriniens, bouffées de chaleur, problème de sommeil, rétention d’eau, fatigue chronique, perte totale de libido, dépression… Je me suis dit que ce n’était pas une solution durable, puis cela venait à l’encontre de mon évolution éthique sur le sujet : prendre une pilule chimique à vie. J’ai continué mes recherches et je suis tombée sur l’autre solution : la laparoscopie. Il s’agit d’une opération qui consiste à brûler ou découper les plaques, adhérences et lésions d’endométriose, soit des bouts d’organes. J’ai cherché à savoir quelles étaient les incidences de ce type de traitement, en lisant, encore une fois, énormément de témoignages. Même si la laparoscopie fonctionnait très bien pendant quelques années pour une partie des femmes, la plupart laissaient savoir que la maladie était réapparue quelques années plus tard, à d’autres endroits dans le corps. Certaines femmes, à force d’opérations, finissaient avec des poches urinaires ou intestinales, voir des organes en moins. Certaines disaient supplier leur médecin de se faire retirer l’utérus tout entier pour stopper les douleurs. Aujourd’hui, de nombreuses femmes sans utérus témoignent de la réapparition de leurs douleurs… Finalement, j’ai fini par trouver ces traitements aussi invasifs, précaires et non durables l’un que l’autre. Et il est devenu assez clair que cela ne serait pas une solution pour moi.

I : Ça a été comment moralement de lire tous ces témoignages qui laissaient peu d’espoir ?

Perrine : Ce n’était pas évident, d’autant qu’à l’époque, je gardais tout ça pour moi. Je ne voulais pas inquiéter mes proches. Puis j’avais en tête que les gens ne connaissaient pas cette maladie et qu’ils ne la comprendraient peut-être pas.

Comme je n’avais pas de validation claire de la part du corps médical, je craignais certainement que l’on ne me prenne pas au sérieux. J’avais aussi inconsciemment l’envie d’être perçu comme quelqu’un de solide, qui ne se plaint pas, donc c’était compliqué de m’avouer à moi-même ou aux autres que j’étais malade.

À ce moment là j’en parlais à très peu de gens, juste quelques amies proches. Et puis je ne rentrais pas vraiment dans les détails, ça s’arrêtait souvent à : « J’ai mal au ventre, je pense que j’ai de l’endométriose, je suis entrain de me renseigner là-dessus ».

I : Qu’est ce que tu as décidé de faire après avoir lu tous ces témoignages ?

Perrine : Toutes ces recherches ont eu lieu en parallèle de ma première année d’expatriation au Québec. Je vivais une année très riche de rencontres et de découvertes à tous les niveaux, j’avais un travail assez passionnant et prenant, ainsi qu’une vie sociale très active. Cette année étant si galvanisante que je n’ai pas pris beaucoup de temps pour prendre soin de moi. Après ça, j’ai vécu un enchaînement de situations stressantes et d’accidents de vie. Chaque mois, il arrivait quelque chose d’intense à gérer émotionnellement sur le plan personnel. Dans mon travail, il s’agissait aussi d’une période avec de gros challenges, notre équipe était sur le rush constamment. Et petit à petit, insidieusement, émotionnellement et physiquement, j’ai senti que je perdais pieds. Je n’étais plus capable de m’alimenter car dès que je mettais quelque chose dans mon corps, j’avais des douleurs horribles au ventre. Je vomissais, j’avais des vertiges, je perdais du poids. À ce moment là, la fréquence, la diversité et l’intensité des douleurs se sont multipliées. Je vivais une vingtaine de jours par mois avec des douleurs dans le corps.

I : Les douleurs étaient seulement liées à la prise de nourriture ?

Perrine : Non, pas seulement. Il y avait des douleurs liées à l’alimentation et à la digestion, c’est sûr que c’était le plus récurrent, mais j’avais aussi régulièrement mal à la vessie, aux reins, au dos… J’avais aussi des allergies, de l’eczéma… Et une grande fatigue globale. Je savais qu’il fallait que je lève le pied et que je prenne du temps pour me reposer et prendre soin de moi, mais je repoussais toujours l’échéance.

I : Tu as réussi à aller travailler pendant tout ce temps là ? Ça s’est passé comment vis-à-vis de ton patron et des tes collègues ?

Perrine : Je me suis fait violence pour continuer à travailler même si ce n’était pas une période évidente. Je n’avais plus autant de motivation, de patience, de créativité et d’énergie pour régler les problèmes de tous les jours. Surtout qu’avec ce travail, il fallait avoir les reins solides.

Je commençais aussi à voir le lien avec le fait de beaucoup me donner émotionnellement, mentalement et physiquement dans mon travail et l’effet que ça pouvait avoir sur ma santé. Mais ce n’était pas que le rythme du travail, ou les douleurs de l’endométriose ou les épreuves de vie que je vivais à ce moment là. C’était le cocktail des trois, c’était multifactoriel.

J’ai fini à un moment par quitter mon travail parce qu’il ne me convenait plus et que je savais qu’il me fallait prendre du temps pour moi. J’en ai profité pour partir en voyage puis rentrer en France pour faire une sorte de pause, de retraite. Ce sont deux mois pendant lesquels je n’ai pas fait grand chose à part voyager et me reposer, ça m’a fait du bien.

I : Pendant combien de temps les douleurs aussi intenses ont-elles duré ?

Perrine : Le corps qui part complètement en vrille, ça a duré quelques mois pendant lesquels j’ai consulté une fois un médecin qui m’a conseillé de me reposer. Je ne savais pas quoi faire. De manière générale, j’ai tout le temps eu l’impression que les médecins n’avaient pas de réponses, donc je pense que j’ai aussi développé l’idée qu’il fallait que je trouve par moi-même ce qu’il se passait.

À ce moment là, j’ai commencé tous les matins et soirs de manière obsessionnelle à lire toutes les sources possibles sur la maladie et la guérison. J’ai lu énormément d’articles, de livres et vu pas mal de documentaires : sur l’alimentation anti-inflammatoire, les perturbateurs endocrinien, l’équilibre hormonal, la régénération cellulaire, la guérison naturelle ou même des choses plus spirituelles… J’ai commencé à m’intéresser à pleins de sujets et j’ai initié de très grosses prises de conscience. J’ai aussi intégré un groupe Facebook sur l’endométriose et la santé au naturel. J’ai découvert un tas de femmes qui n’avaient plus de symptômes en suivant les principes de la santé naturelle. Ce groupe a été précieux pendant tout mon processus. De nombreuses femmes y partageaient leurs recettes, lectures, découvertes, documentaires… et tout ce qui pouvait les aider au quotidien à diminuer leurs douleurs. Je continuais à m’informer tous les jours. Des témoignages de femmes se disant asymptomatiques, apparaissaient de plus en plus souvent dans le fil des discussions, ce qui me confortait dans l’idée qu’il était possible d’améliorer sa condition.

I : Comment tu t’es sentie face à ces différentes lectures ? Qu’est-ce que tu en pensais ? Cela a tout de suite fait écho ou tu as un côté cartésien qui te rendait dubitative face à ces réponses ?

Perrine : À certaines lectures, j’étais assez sceptique. Par exemple, certains articles conseillaient de se débarrasser des produits avec des perturbateurs endocriniens, mais je doutais qu’un changement qui me paraissait si anodin puisse diminuer mes symptômes. Je voulais une solution plus globale, instantanée et radicale. Tout comme je ne voyais pas encore que les causes de la maladie étaient multiples, je ne comprenais pas encore qu’il s’agissait d’un travail qui allait devoir se faire à plusieurs niveaux, de la salle de bain, jusqu’à mon assiette et de mon activité sportive à mon activité mentale. Ce ne sont pas des choses que j’ai mis en place de suite, j’ai eu besoin de temps pour digérer toute cette information.

I : Comment tu as réussi à gérer tes symptômes ?

Perrine : C’est dans les premières semaines après être rentrée de vacances que j’ai décidé d’appliquer de manière extrêmement rigoureuse tout ce que j’avais lu ces derniers mois sur la santé au naturel de l’endométriose. C’était tout ou rien et j’avais décidé que ça allait être tout. C’était un peu comme si je venais défier cette dernière solution. Si je commençais ce processus là, je ne voulais pas le faire à moitié parce que je ne souhaitais pas à un moment donné avoir à douter ; je voulais le faire à fond et pouvoir me dire au bout de plusieurs mois : « ok ça marche » ou « ok ça ne marche pas ».

I : Quand tu dis tout ou rien, tu peux nous expliquer ce que tu as mis en place ?

Perrine : J’ai suivi une alimentation bio, vivante et anti-inflammatoire de manière stricte : j’ai enlevé de mon régime les glutens, les laitages, les viandes rouge, les produits transformés et les sucres raffinés et je me nourrissais principalement de fruits et de légumes bio, de salades, de jus et de soupes, le plus crus possible, le plus vivant possible. À côté de ça, je mangeais du riz, du quinoa, du sarrasin, quelques légumineuses et des oléagineux, c’est à dire des amandes, noix,… C’était une sorte de régime paléo et anti-inflammatoire, j’avais fait un mix de ces régimes dits régénérateurs que j’avais pu étudier dans mes lectures.

Le seul truc qui a persisté c’est la cigarette et quelques verres de cidre pendant les fêtes. Je n’ai pas réussi à arrêter mais je suis passée à une ou deux cigarettes par jour alors que je fumais facilement un paquet les mois précédents.

Tous ces changements ont été assez drastiques. Chez moi, j’ai pris de grands sacs poubelles et j’ai aussi jeté tout ce qu’il y avait dans mes placards qui était chimique ou qui pouvait contenir des perturbateurs endocriniens qui dérèglent le système hormonal. Tout y est passé, les produits d’entretiens, les produits d’hygiène. J’ai tout remplacé par des produits naturels. J’ai aussi ajouté beaucoup de plantes dans mon alimentation et mes boissons. J’avais eu beaucoup d’intérêt pour les plantes médicinales dans mes différentes lectures, j’avais appris leurs bienfaits et j’avais noté celles qui pouvaient me servir le plus. J’avais acheté de quoi faire de la gemmothérapie, des tisanes, puis plus tard, j’ai fait mon propre potager de plantes médicinales.

J’ai également intégré le jeûne. J’avais lu que lorsqu’on se nourrit, le corps passe la majeure partie de son énergie à digérer et que lorsqu’il digère, il ne peut pas mettre de l’énergie à la détoxification ou à la régénération cellulaire. J’ai donc commencé petit à petit à faire des jeûnes soit intermittents, soit plus stricts avant les règles ou avant l’ovulation. C’est aussi un moyen de ne pas rajouter une inflammation digestive sur une inflammation menstruelle puisque le corps est déjà hyper inflammé à ce moment là.

I : Tu as senti des changements notables avec l’intégration du jeûne ?

Perrine : Clairement ! Si le changement d’alimentation a permis de diminuer les douleurs liées à la digestion et aux reins, le jeune a permis de diminuer mes douleurs menstruelles. Comme j’ai commencé le jeûne quelques mois après mon nouveau régime, j’ai pu sentir que j’avais immédiatement réduit mes douleurs, autant au moment de l’ovulation qu’au moment des règles. Après quelques mois, j’avais globalement diminué de 70% mes douleurs.

Je passais d’une vingtaine de jours de douleurs dans le mois à seulement deux ou trois. Petit à petit, c’est devenu une hygiène de vie.

I : Donc changer d’alimentation ou jeûner par période n’a pas été vécu comme une difficulté ?

Perrine : Non, parce que j’étais prête à tout pour me guérir, c’était obsessionnel. Je pense qu’il y a des cycles de vie et des bons moments pour tout. À certains moments dans la vie, tu as envie de faire du sport ; cela peut rapidement devenir une routine voir une obsession si le sport en question devient une passion. C’est la même chose pour moi, à ce moment là, j’étais motivée par l’idée de me guérir : ne pas manger de gluten ou jeûner, c’était facile. Toutes les questions qui relève de la santé sont devenue une passion. Ça rend les choses moins contraignantes et plus simples à faire.

I : Et plus en détail, comment l’intégration de ta nouvelle alimentation a changé ton état ?

Perrine : Tous les dérangements que j’avais lorsque je me nourrissais sont partis au bout de deux ou trois mois, j’arrivais de nouveau à m’alimenter sans avoir de douleurs. La lourdeur dans le ventre est partie assez rapidement aussi alors que c’est une sensation que j’avais depuis six ou sept ans. Les problèmes chroniques au niveau des reins se sont estompés petit à petit. Une fois que ça allait mieux du côté digestif et des reins, je me suis concentrée sur les douleurs de règles et d’ovulation et j’ai rajouté des choses dans ma nouvelle routine de vie comme les jeûnes, des bains froids, la phytothérapie, le fait de moins stresser, un mode de vie plus tranquille et aligné… et les douleurs ont aussi diminué petit à petit.

I : Est-ce que tu tiens ce régime ?

Perrine : Globalement oui, même si je suis moins stricte aujourd’hui. Pendant plusieurs mois, j’ai continué à être vraiment stricte sauf lors de quelques soirées à boire un peu d’alcool léger. Ça m’est arrivée deux-trois fois de faire des gros écarts et de ressentir la punition. La punition c’était de réaliser que j’avais fait trente pas en avant pendant les derniers mois et qu’en faisant un gros écart, j’en faisais dix en arrière d’un coup, qu’il fallait de nouveau calmer l’inflammation et regagner mon capital santé.

I : Comment ça se passe justement socialement pour tenir ce régime ou vis-à-vis de ton compagnon ?

Perrine : Socialement, ma nouvelle hygiène de vie était tellement devenue une obsession que j’en parlais beaucoup, contrairement à avant ; j’avais vraiment besoin de partager et avec ça est venu le goût de parler de mes émotions, ce qui n’était pas vraiment inné pour moi. J’ai des groupes d’amis hypers bienveillants et curieux qui ont naturellement fait en sorte de m’offrir un environnement aidant pour le faire, je reconnais avoir eu de la chance !

La personne avec qui j’étais en couple à ce moment là m’écoutait aussi beaucoup parler de tout ça avec compréhension, curiosité et ouverture d’esprit, il a aussi été facilitant dans mon cheminement. En plus, je prenais plaisir à faire la cuisine puisque je découvrais les recettes anti-inflammatoires donc je choisissais la plupart du temps ce qu’on mangeait. Ça ne créait donc pas de frustrations au niveau de la bouffe.

I : Tu en étais où du traitement hormonal à ce moment là ?

Perrine : J’ai décidé d’arrêter la pilule environ quatre mois après le début de ma nouvelle “hygiène de vie”. Je me rappelle que j’avais peur que les douleurs intenses que j’avais connu plus jeune reviennent. J’avais peur que mes règles tombent pendant un jour de travail, de tomber dans les pommes, et finalement, d’être contrainte à nouveau de reprendre la pilule…

I : Qu’est-ce qui t’as poussé à l’arrêter alors ?

Perrine : Globalement, je me sentais en forme, j’avais retrouvé ma vitalité et mon énergie, je n’avais jamais eu aussi peu de douleurs, je sentais que c’était le bon moment pour le tenter.

I : Les douleurs à ce moment, c’était à quelle intensité ?

Perrine : Une fois que j’ai arrêté la pilule, pendant ma période d’ovulation, ça me tirait dans le ventre, mais j’étais capable de continuer des activités, j’étais fonctionnelle. Les règles étaient toujours un peu plus douloureuses, mais ça arrivait à des jours bien précis. J’étais capable de me préparer, de préparer mon corps et de calmer le rythme à ces moments.

I : Ça t’a poussée à t’intéresser à ton cycle menstruel ?

Perrine : Oui, avant d’arrêter la pilule je me suis beaucoup intéressée à l’étude du cycle et à la symptothermie. J’étais prête à faire le changement et à fonctionner avec la symptothermie, une application, un thermomètre, l’auto-observation des indices de fertilité…

Aujourd’hui, je suis capable de savoir à quel jour de mon cycle je suis, rien qu’en analysant mon mindset, mon corps, mes émotions. Il y a des choses qui reviennent chaque mois au même moment.

C’est très enrichissant de comprendre son cycle. De comprendre à quel point le cycle de la femme à une raison d’être et qu’il y a un temps pour tout. Ça change la vie.

I : Et finalement l’arrêt de pilule se passe comment ?

Perrine : Bien moins pire que ce que j’imaginais ! J’ai eu plus de douleurs qu’avec la pilule, c’est sûr, mais pas au point de tomber dans les pommes. En arrêtant la pilule, j’ai accéléré la gemmothérapie, la phytothérapie, les jeûnes, les bains froids pour limiter les inflammations… J’ai la sensation que tout ça m’a bien aidée. Les deux premiers mois ont été un peu dur mais petit à petit les douleurs ont diminuées. Je n’ai jamais repris la pilule depuis.

I : Tu continues toujours tout ça ?

Perrine : L’alimentation anti-inflammatoire fait toujours partie de ma vie mais si on me cuisine quelque chose qui n’est pas dans les clous, je vais pouvoir faire une entorse sans culpabiliser. Je vais pouvoir faire des apéritifs en buvant deux ou trois verres d’alcool, je vais pouvoir croquer un morceau de pizza… Ça ne fait pas partie des aliments que je m’achète, mais lors de sorties, je peux me permettre quelques écarts sans en payer le prix fort contrairement aux premiers mois.

I : Y a-t-il quelque chose dont tu veux parler que je n’ai pas abordé ?

Perrine : Oui, j’en ai parlé un peu plus tôt, j’ai vécu des périodes d’anxiété à plusieurs reprises. Je suis assez persuadée que ça fait parti des facteurs qui ont contribué à la progression de la maladie. Je repense à ces périodes pendant lesquelles j’ai rencontré plusieurs défis personnels et pendant lesquelles la maladie a littéralement flambée.

J’ai l’impression que tu peux faire toute l’alimentation inflammatoire, soins naturels… du monde, si tu es stressée et que tu fais des grosses poussées de cortisol tous les jours, ça ne servira pas à grand chose. Le cortisol dérègle totalement le système hormonal. C’est aussi important voir plus que l’alimentation.

I : Est-ce que ce processus t’a appris à prendre soin de toi ? Te faire passer avant ?

Perrine : Oui c’est très juste ! Avant de mettre en place ces démarches, il y avait toujours quelque chose qui passait avant moi : la famille, les relations amoureuses, le travail, les amis, les autres activités… Je me faisais systématiquement passer après quelque chose et j’avais l’impression de courir après le temps.

Quand tu te fais toujours passer après quelque chose, tu n’es pas en train de te construire toi et de te créer un environnement épanouissant. Tu te mets souvent dans des situations qui ne fonctionnent pas ou qui ne te conviennent pas. Comme j’étais dans ce processus de m’accorder plus de temps et de me créer un environnement sain et qui me fasse vibrer tous les jours, j’ai pris de la distance avec les choses ou les personnes qui ne m’apportaient pas de la joie, du bien être ou de la bienveillance.

J’apprends à mettre des limites dans mes relations, au travail, dans mes activités, dans mon emploi du temps… J’apprends à équilibrer tout ça pour créer une harmonie. Si ça peut être évident pour certaines personnes, c’est tout un apprentissage pour moi.

I : Est-ce que justement changer l’alimentation et se sentir mieux dans son corps n’aide pas aussi au niveau mental et émotionnel ?

Perrine : Oui, c’est vrai et prouvé cliniquement que si tu manges bien, tu vas mieux mentalement. Des études ont montré que quelqu’un avec un bon microbiote est mieux dans sa tête. C’est notre deuxième cerveau, tout est lié, c’est sûr. Mais l’alimentation ne fait pas tout, il faut aussi évoluer dans un environnement qui te permette de te protéger de l’anxiété et ce n’est pas toujours évident dans notre société. C’est important, notamment au travail, de poser se protéger le plus possible du stress. Surtout si on est amené à travailler dans un environnement qui supporte le présentéisme ou la performance. Le burn-out est le mal du siècle, mais on ne parle pas de toutes les autres maladies qui découlent de nos environnements professionnels et plus globalement, de notre système économique capitaliste.

J’ai aussi lu beaucoup de témoignages de femmes avec de l’endométriose qui ont véritablement réussi à être asymptomatiques après un changement d’environnement professionnel ou une réorientation. Ça fait souvent parti du processus de guérison et ça fait du sens. Quand tu travailles 70% de ton temps éveillé pour quelque chose que tu n’aimes pas profondément, c’est une source d’anxiété constante. Quand tu es connecté avec ce que tu fais, au contraire, ça donne une énergie incroyable. Je pense que c’est très important de choisir un travail qui te donne cette énergie pour rester en santé.

I : Quand tu avais des douleurs et que tu cherchais un diagnostic tu te disais que tu étais sensible et que tu avais un corps faible, aujourd’hui avec tout ce chemin parcouru tu te dis la même chose ?

Perrine : Non, pas du tout !

Aujourd’hui j’ai l’impression d’avoir un corps puissant et intelligent. À chaque fois qu’il réagit, je l’écoute, j’essaie de le comprendre. J’ai pris conscience qu’il est capable de m’alerter lorsque je ne lui offre pas ce dont il a besoin pour être en forme. Maintenant, je vois mon corps comme un allié de vie.

Je pense que l’on ne pourra pas guérir les maladies auto-immunes ou chroniques, en “luttant contre la maladie”. C’est malheureusement la logique de la médecine allopathique, de ne pas prendre en compte les causes de la maladie et de vouloir directement faire taire les symptômes à grands coups de médicaments ou d’opération. Quand tu comprends que la “mal-à-dit” est le système d’alerte du corps et sa manière de se détoxifier et de se régénérer, alors là tu peux commencer à travailler en équipe avec lui et à l’aider à y arriver. L’organisme est une merveilleuse machine qui sait prendre soin d’elle-même, naturellement et dont les principes sont plus intelligents que nous.

Tous ces facteurs de santé : l’alimentation vivante, la gestion émotionnelle, le fonctionnement du cycle et du système hormonal de la femme, la dangerosité des polluants et des perturbateurs endocriniens, l’écoute de son corps, la bienveillance envers soi… devraient être enseignés à l’école. Ils sont bien plus nécessaires que le théorème de pythagore ou le calcul du PIB pour se créer une belle vie.

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