Déjà plus jeune, j'ai toujours ressenti un décalage entre comment les publicités représentaient les règles et mon état général lors de cette période : il fallait être active, pleins d'entrain et d'énergie, se sentir femme.

Partie 1

Le Déni

Pour toutes ces marques de tampons, le marketing se donnait beaucoup de mal pour un produit dont nous avions toutes besoin une semaine tous les mois… Tout ça pour gonfler les prix.

Pour moi les règles c'était plutôt : de la fatigue, des douleurs, des gonflements, la peur de se tâcher, des flatulences, des règles très abondantes…

Rien de tout ça n'était cool ou stylé.

Pour la fatigue, je m'en suis plaint régulièrement toutes mes années lycées, j'avais le droit à des prises de sang régulières qui ne donnaient rien.

La seule chose que ces prises de sang détectaient était une légère carence en fer.

Quelques heures avant mes règles, mon ventre était tendu, gonflé, vraiment gonflé, j'avais l'impression qu'en un tour de magie, je ressemblais à ça :

S'invitait avec ça, les flatulences…

J'ai passé mes années de lycée à bien plus faire bosser mes sphincters que mes cellules grises.

On est d'accord qu'on est loin du fantasme de la femme active, celle qui va travailler en tailleur blanc, celle qui fait du skate les cheveux au vent en : « oubliant que j'ai mes règles, hihihi ».

Quand je parlais des règles autour de moi, je n'étais pas la seule à galérer :

Puisque que je n'étais pas toute seule, je ne m'alarmais pas plus, même lorsque la douleur allait jusqu'à l'évanouissement.

Et encore une fois, lorsque la douleur est passée, je suis restée dans le déni total :

Mais petit à petit, ça a commencé à se complexifier. J'avais toujours été fatiguée et donc retardataire, donc tous les matins je mettais mon corps dans un état de stress.

Et jour après jour, ces douleurs apparaissaient même en dehors des règles… d'abord seulement à l'effort, puis de plus en plus régulièrement dans la journée.

Je suis retournée chez ma généraliste.

Attention, vous allez assister à la plus grande enquête médicale du siècle, un grand moment :

Je suis rentrée chez moi avec une sorte de pâte bizarre homéopathique et une leçon de la part de la pharmacienne sur le fait qu'il fallait faire du sport pour ne pas être constipée.

Après ça, j'allais voir ma généraliste tous les mois pour de la fatigue ou des maux de ventre.

Je repartais toujours avec des diagnostics stupides…

Influencée par ma généraliste, j'ai petit à petit laissé empirer les choses :

Et comme un disque rayé, je suis retournée voir le même médecin.

Vous l'imaginez lors de son concours de médecine ?

Pourquoi être allée la voir sans relâche sans changer de médecin pendant des années ? Pourquoi lui faire plus confiance à elle, plutôt qu'à mon corps et mes sensations alors qu'elle était débordée, incompétente, sourde et aveugle à mes douleurs ?

Encore aujourd'hui, je n'ai pas la réponse à ces questions…

Heureusement, lors de mes études, j'ai fait la connaissance de Sophie, une amie qui étrangement avait des douleurs et problèmes très similaires aux miens. On était les deux retardataires et absentes de la promo et en parlant avec elle, on a pu faire la liste de nos symptômes communs :

Faute de mieux, je me suis mise à suivre ce que son médecin lui disait.

C'est vrai qu'en y réfléchissant, j'avais toujours eu un transit chaotique :

Chaque personne qui a un jour essayé le régime sans gluten sait…

qu'il peut dire adieu à son fric !

Il y a eu un mieux, puis au bout de deux mois…

Petit à petit, je me perdais dans les suppositions diverses et variées, à tel point que j'avais l'impression d'être perdue en mer sans terre à l'horizon.

J'avais de plus en plus mal et je perdais de plus en plus de mobilité et d'énergie.

Comment j'ai pu en arriver là ? Je ne sais pas vraiment, je crois que je me trouvais toujours une excuse.

Par exemple, alors que je faisais régulièrement du sport, si j'avais de plus en plus de mal à monter un simple escalier dans le métro…

C'est surement parce que je manquais d'exercices.

Si je priais pour avoir une place assise dans le métro…

C'est parce que je n'avais pas assez dormi même après dix heures de sommeil.

Si je m'endormais ssur la table du bar lors des soirées après une demi-pinte…

C'est parce que je ne tenais pas du tout l'alcool.

Si j'arrive épuisée en week-end…

C'est parce que j'avais beaucoup bossé dans la semaine.

Si j'avais 30 à 40 minutes de retard tous les matins…

C'est parce que j'étais :

Pourquoi je préférais m'attribuer tous ces défauts ? Pourquoi je me traitais ainsi ?

Peut-être que pour éviter de réaliser que mon corps dérivait lentement vers l'épuisement.

Petit à petit j'avais perdu des capacités aussi simples que de rester debout cinq minutes, de monter un escalier, de ne pas avoir à dormir plus de 14 heures par nuit, de pourvoir avoir une vie normale…

J'étais tellement épuisée et douloureuse qu'il était difficile pour mon copain de s'approcher :

J'ai essayé de retourner chez le médecin. Il s'agissait de la remplaçante de ma généraliste, je me suis dit que de voir une autre soignante me permettrait peut-être d'avoir des réponses, qu'elle apporterait une vision nouvelle de la chose.

En plus de mon énergie qui disparaissait, Matthieu, mon compagnon a trouvé une opportunité de boulot à l'étranger.

À son départ, la déprime a augmenté, mais au moins j'ai ressenti un léger soulagement, avec son départ, je n'avais plus à me faire violence pour essayer d'avoir une vie sociale remplie.

Mon quotidien devenait seulement :

Et pendant un temps, ça a simplifié ma vie. Cela évitait aussi la culpabilité de ne pas assez sortir… Mais ça n'a pas suffit :

Mon temps se faisait aspirer tout comme mon énergie.

Puis un jour, mon salut m'est venu d'une simple discussion avec une amie de mon école…

À suivre dans la partie 2…

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Épisode suivant

Lors de mon dernier rendez-vous, le gynécologue me diagnostique une endométriose qui est une maladie gynécologique chronique. Les quelques jour après ce rendez-vous sont étranges. J'ai du mal à réaliser ce que cela signifie mais je sais que cela va changer ma vie.

25/04/2018

Roman graphique

Qui suis-je ?

Isabelle

Diagnostiquée en 2016 d'une endométriose, j’ai passé les dernières années à me reconstruire après une opération et des effets secondaires dus à la prise d’hormones. Je crée en 2018 mon blog sur l'endométriose avec la parution d’un roman graphique, qui raconte le retard de mon diagnostic et le manque de prise en charge de ma maladie. Après des années d’apprentissage pour mieux vivre avec l’endométriose, j’avais à cœur de mettre à disposition toutes mes connaissances accumulées.

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